Le Général est mort.
Combien pour nous cette réalité nous cause une profonde peine.
Nous avions tellement de bonheur à retrouver sa silhouette élégante, capter son œil malicieux et ses propos attentionnés au siège des Amis du Cadre noir ou à l’Ecole nationale d’équitation, que penser que cela ne sera plus, nous laisse incrédules.
Même si nous connaissions sa santé fragile, le Général savait par son tempérament et ses propos, nous laisser croire que les « choses allaient » ; nous nous laissions convaincre, tellement la perspective d’une prochaine rencontre avec une personne si attachante, nous enthousiasmait.
Vendredi 3 avril, le Général s’en est allé, et il n’y aura pas de prochaine fois.
Vivre et servir dignement.
C’est ce qui me vient à l’esprit comme premier souvenir du Général de La Grand’Rive.
Ses frères d’armes sauront nous rappeler quel soldat il fut, quel chef s’est imposé, quel meneur d’hommes il a été, quel camarade il était pour eux.
Aujourd’hui, je veux rappeler le formidable travail qu’il a effectué pour Les Amis du Cadre noir.
Servir, oui, mais servir haut.
Après une prestigieuse carrière militaire le conduisant à commander le 2ème régiment de Hussards à Orléans, puis à devenir Inspecteur de l’Armé Blindée Cavalerie, le Général de La Grand’Rive a réussi une reconversion dans l’industrie, lui faisant occuper de très brillantes fonctions de direction, puis à accepter la présidence des Amis du Cadre noir.
Sous son mandat de plus de 10 ans, il a consolidé et développé le travail de ses prédécesseurs, su faire profiter l’association de ses relations nouées dans le monde économique, parvenant à réunir près de 800 adhérents (chiffre inégalé depuis) pour le rayonnement et la défense du Cadre noir.
Son investissement quotidien l’a conduit – avec son équipe – à donner un nouvel élan à l’association, dont nous pouvons aujourd’hui mesurer les bienfaits.
Après son mandat, le Général de La Grand’Rive est resté très attaché au Cadre noir et suivait attentivement l’activité de notre association, acceptant volontiers de répondre à mes sollicitations, avec délicatesse et bienveillance.
Ses conseils furent toujours justes et avisés.
Il était sincère et profondément bon.
Le Général savait, sans se départir de la noble allure qui était la sienne, raconter avec fantaisie et finesse, des anecdotes tirées de ses souvenirs de campagne militaires, de la vie d’état major ou de l’entreprise. Pour ceux qui ont eu le bonheur de le connaître, le Général de La Grand’Rive était, comme l’on dit familièrement, « plein d’humour ».
Derrière le chef, il y avait un homme bienveillant, soucieux des autres et ses propos sérieux ou plus légers étaient toujours emprunts d’humanité et de respect.
Soldat par vocation, et chrétien par conviction
Après tant d‘années d’activité intense, le Général pouvait avec son épouse goûter enfin la joie d’une famille riche d’enfants et petits enfants. Mais ces dernières années furent une succession d’épreuves avec la disparition prématurée de ses filles, Pascale et dernièrement Florence.
A ces drames, s’ajoutaient des problèmes de santé importants qu’il connaissait avec son épouse, et qu’ils vivaient avec une très grande dignité.
Derrière cette attitude, faite de retenue issue de leur éducation respective, s’affirmait un ménage dont la vie s’est construite dans et autour de la Foi.
C’est cette Foi, ciment et boussole de leur existence, qui leur a permis d’accepter avec une grande humilité les joies comme les souffrances de la vie.
Ils avaient ensemble entamé leur chemin de croix.
A notre immense chagrin, s’ajoute celui de ne pouvoir – en cette période de confinement – accompagner Madame de La Grand’Rive pour ces jours à venir.
Je lui ai affirmé en votre nom à tous, combien le souvenir de son mari était profondément et durablement présent chez tous les adhérents et je lui ai témoigné l’expression de nos très sincères et affectueuses condoléances.
Général MacArthur « Les vieux soldats ne meurent jamais, ils s‘effacent ».
Ludovic de VILLELE
Président des Amis du Cadre noir