Le Manège de Saumur, connu aujourd’hui sous le nom de « Cadre noir », a été constitué progressivement au XIXe siècle. L’histoire de ce corps d’instructeurs d‘équitation est intimement liée à la ville de Saumur et à l’École de cavalerie où il a enseigné pendant plus de cent cinquante ans. Il poursuit désormais sa mission au sein de l’École nationale d‘équitation.
L’origine de l’école de cavalerie
La tradition d’un manège équestre à Saumur remonte à la fin du XVIe siècle. Henri de Navarre, alors chef des Huguenots, charge Duplessis-Mornay le gouverneur de la ville, de fonder une Université protestante. Elle comprendra une Académie équestre pour satisfaire les étudiants de familles nobles de France et de l’étranger qui se destinaient au métier des armes. Cette Académie est l’origine première de l’École de Cavalerie. Malheureusement tout le détail sur elle a disparu. On sait seulement les noms de quelques écuyers qui la dirigèrent :
- Aloté en 1644,
- du Hallot en 1648,
- de Saint-Vual, écuyer formé selon les principes équestres d’Antoine de Pluvinel (qui fut, au Louvre, précepteur équestre du futur roi Louis XIII), en 1669.
Dans la seconde moitié du siècle suivant, les protestants sont priés de céder la place : la révocation de l‘Édit de Nantes leur retirera bientôt toutes les villes de sûreté, dont Saumur. Dès 1674 c’est donc un catholique, monsieur de Maliverne, qui dirige une académie à l’endroit même où Saint-Vual avait édifié son manège. Cependant, faute d’élèves, elle fermera ses portes trois ans plus tard.
Réorganisation de la cavalerie Française
Aux XVIe et XVIIe siècles, l’art équestre est un art de cour destiné à préparer les chevaux des princes et à présenter les carrousels. Il rayonne hors des frontières Françaises, mais se marie mal avec les impératifs du champ de bataille. Les écuyers brillent au manège avec les airs relevés, mais l’équitation académique ne forme pas de combattants : les échecs répétés de la cavalerie Française révèlent l’inadéquation de son instruction aux manœuvres militaires. Louis XV décide donc de la réorganiser. Il confie cette tâche au duc de Choiseul ministre de la guerre, qui crée cinq écoles de cavalerie à Douai, Besançon, Cambrai, Metz et Angers – où est affectée une brigade du Royal-Carabiniers. Ces messieurs ayant mauvaise réputation (on les dit coureurs de jupons), l’évêque d’Angers, Mgr Arnaud, les expédie à Saumur, pensant, par cette décision, à la fois protéger ses ouailles et punir cette ville trop longtemps protestante.
Saumur et ses cavaliers
Pourtant, non seulement les Saumurois se rassemblent pour célébrer l’arrivée des carabiniers, mais ces derniers assistent tous à la messe dès le premier dimanche : c’est le début d’une grande histoire d’amour entre Saumur et ses cavaliers.
Il s’avère rapidement que l’existence de plusieurs écoles de cavalerie engendre des divergences d’enseignement. En 1766, Choiseul décide donc de convoquer les meilleurs instructeurs de chacune d’elles devant une commission qui doit arbitrer sur les principes à adopter. Ceux de Saumur sont jugés les plus méthodiques et les plus rationnels. Toutes les autres écoles sont fermées et, en 1771, l’école de Saumur est officiellement constituée. Dès lors, les régiments de cavalerie doivent y envoyer, chaque année, quatre officiers et quatre sous- officiers « pour y apprendre et mettre en pratique les enseignements propres à l’engagement de la cavalerie sur le champ de bataille ».
L’école royale de cavalerie
A l’avènement de Louis XV, en 1774, son frère, le comte de Provence, étant Mestre de camp des carabiniers, le régiment prit l’appellation de Carabiniers de Monsieur. En 1788, à cause de restrictions budgétaires, les carabiniers quittèrent Saumur pour Lunéville où ils remplacèrent les Gendarmes rouges. Ainsi disparaissaient à la fois les Écoles de Saumur et de Lunéville. Le Maréchal Soult rétablit à Saumur l’Ecole d’instruction des troupes à cheval qui fonctionna du 23 décembre 1814 jusqu’à la fin des Cent jours. Elle fut remplacée en 1816 par l’École Royale de Cavalerie qui fut licenciée le 20 mars 1822 à la suite de la conspiration du Général Berton. L’école est régénérée par Charles X (par ordonnance du 10 mars 1825), sous le nom d’École royale de cavalerie. Le général Oudinot est responsable de l’école. Il commande alors des chevaux irlandais, des selles anglaises et nomme Jean-Baptiste Cordier « Écuyer en chef du manège », premier du titre.
Tableau des Écuyers et sous-maîtres du Cadre noir