Comment êtes-vous devenu Ecuyer en Chef du Cadre noir ? Et d’ailleurs, comment devient-on Ecuyer en Chef, quels sont les critères ?
L’Ecuyer en Chef du Cadre noir doit être un officier de carrière. Je suis donc militaire de carrière, Saint-Cyrien et officier de cavalerie. J’ai pu faire un premier passage au Cadre noir de 1988 à 1992 où j’ai été stagiaire, puis instructeur et écuyer. Ensuite, je me suis éloigné des sports équestres militaires pour accomplir une carrière classique d’officier. J’ai fait l’école de guerre puis j’ai passé beaucoup de temps en Etat-major en France, puis au quartier général de l’OTAN à Bruxelles et enfin aux Etats-Unis auprès de l’armée de terre américaine. Le poste d’Ecuyer en Chef reste une position prestigieuse au regard de l’Armée de Terre qui m’a nommé car je suis toujours resté cavalier. Au fil de mes affectations, depuis que je suis lieutenant, un cheval personnel m’a toujours suivi, même en Belgique et aux Etats-Unis. D’ailleurs, ma jument vient de rentrer des Etats-Unis. Avant de partir aux Etats-Unis, j’avais mené mon cheval au Grand Prix de dressage et l’ai présenté une fois en Grand Prix spécial sur le circuit du Grand National.
Et qu’avez-vous ressenti lors de la cérémonie de passation, quand le Colonel Faure a quitté la piste et que vous vous êtes retrouvé seul à la tête de la reprise des écuyers ?
(rires). Une grande fierté en raison du prestige de ce poste pour lequel il y a peu d’élus et également le sentiment de succéder à de grands anciens Ecuyers en Chef que j’ai admirés toute ma jeunesse.
Justement, est-ce un lourd héritage, un poids, que de se retrouver ainsi à la tête de cette institution, succéder au Général Lhotte, au Commandant Lesage ou au Colonel Margaux, des grandes figures de l’équitation de tradition française ?
Je ne le vis pas comme un poids. J’aborde ce poste avec un grand enthousiasme car il y a vraiment encore beaucoup à faire au sein de l’école, mais également en dehors, pour défendre les valeurs de l’équitation de tradition française.
Cette appellation de « Grand Dieu », vous l’assumez ?
Je l’assume, mais je ne la prends avec aucun sérieux. Il s’agit plus d’une plaisanterie de lieutenants de cavalerie de l’époque qui, avec l’enthousiasme de la jeunesse, s’extasiaient devant les écuyers. C’est un surnom à prendre au deuxième degré. C’était d’ailleurs peut-être même un petit peu railleur !
Quel conseil vous a donné le Colonel Faure en quittant Saumur ?
Il m’en a donné deux, mais je ne vous en livrerai qu’un seul : il m’a dit de se méfier de la fausse légèreté et… d’une autre chose !
Qui est ?
(rires)
Plus sérieusement, dans ce contexte de restrictions et d’austérité, comment voyez-vous l’avenir du Cadre noir ?
Le Cadre noir restera toujours une institution appelée à pérenniser une tradition, des valeurs et la technique de l’équitation française. Dans ce contexte, aucune menace à court terme ne vise le Cadre noir.
Le Cadre noir sera à Bordeaux le 5 février : quelle est l’importance de ce genre de déplacement dans un contexte sportif de haut-niveau ?
Qu’il s’agisse d’équitation sportive, d’instruction ou d’équitation académique que nous présentons dans nos galas, le dénominateur commun reste la bonne et juste équitation. Nous en sommes les ambassadeurs et les cavaliers de haut-niveau qui évoluent en Coupe du monde. Une rencontre dans le même lieu est donc tout à fait légitime. Je suis particulièrement heureux que l’un de mes premiers déplacements à la tête du Cadre noir se fasse dans le cadre de ce concours prestigieux qui appartient au patrimoine de la Coupe du monde. La rencontre de deux patrimoines en quelque sorte !